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HAMIYE INITIATIVES

GESTION; FORMATION; CONSEILS ET ASSISTANCE

La valeur du travail

WIKIPEDIA:

  • La valeur travail est un concept utilisé en économie, selon lequel la valeur d'un bien est fonction de la quantité de travail qu'il incorpore dans sa production, et déterminant essentiel du prix de production. La théorie de la valeur travail s'oppose à la théorie de l'utilité, selon laquelle c'est l'utilité d'un bien qui détermine sa valeur d'échange, par le biais des mécanismes d'ajustement de l'offre et de la demande. Théorie de la valeur travail, et de l'utilité en économie, sont des concepts prétendant à la rigueur scientifique.
  • La valeur travail qui recouvre l'idée de travail en tant que valeur dans une société, l'historique de cette valeur dans les grandes religions, ainsi que le sens politique de l'expression. Ce n'est que très récemment que l'on accole les mots « valeur » et « travail » dans cette signification, d'ordre idéologique s'il en est. Il s'agit là d'une notion philosophique et morale, davantage que d'un concept scientifique et opérationnel, mais qui tend à occulter le débat économique et social de fond autour de la « valeur travail » en économie.

 *A)    Dimension morale.*

  -Travailler consiste à prendre en charge le fardeau de l'humanité. La nécessité biologique et sociale du travail fonde le devoir d'assumer, selon ses capacités, sa part de la contrainte. On y conquiert au moins la dignité de celui qui ne s'en remet pas au travail des autres exclusivement pour satisfaire ses besoins. « Celui qui ne travaillera pas ne mangera pas » disent les Saintes Écritures.

 D'où l'humiliation de ceux qui sont exclus, par la raréfaction du travail et non par leur manquement moral, du processus de la production des biens et des services. Avant même la tragédie de  l'exclusion sociale propre à une société où l'homme fait société avec l'homme essentiellement sous la forme des relations économiques, il y a le drame de celui qui est condamné à dépendre de la sueur des autres pour assure sa subsistance. Il y a là le principe d'une *culpabilité* dont souffrent

sans doute les consciences morales les plus délicates. D'où la demande, légitime moralement à défaut d'être toujours efficace économiquement, d'un partage du travail.

   - *Travailler éduque*, humanise en imposant de mobiliser son attention et son énergie dans l'effort. Le travail instruit par la résistance des matériaux qu'il façonne. Il apprend la *patience*, la

*modestie*, la *ténacité*. Tout effort méthodique finalisé doit en effet surmonter des obstacles, remettre l'ouvrage sur le métier, trouver des solutions nouvelles, ne pas se décourager dans l'échec. Le travail est *une école* *de courage et de lucidité* car seul celui qui ne fait rien peut ignorer les contraintes du réel et nourrir des illusions sur lui-même.

  Cf. St Exupéry dans /Terre des hommes:/ « La terre nous en apprend plus long sur nous-mêmes que tous les livres. Parce qu'elle nous résiste. L'homme se découvre quand il se mesure avec l'obstacle. Mais pour l'atteindre, il lui faut un outil. Il lui faut un rabot ou une charrue. Le paysan dans son labour arrache peu à peu quelque secret à la nature, et la vérité qu'il dégage est universelle. De même l'avion, l'outil des lignes aériennes, mêle l'homme à tous les vieux problèmes ».

   - Le travail développe les *vertus de la sociabilité* en inscrivant la personne dans le réseau des solidarités sociales. Il peut être le vecteur du sens des responsabilités, de la rigueur, de la générosité,

d'une conscience professionnelle exigeante permettant à celui qui s'efforce de faire le mieux qu'il peut de gagner sa propre estime et celle des autres.

   - Alain n'hésite pas à dire qu'il est une *école de vertus*. En mobilisant l'esprit dans la tâche à effectuer, il met à distance le pathos enclin à devenir obsessionnel dans l'inactivité. Il domestique

les pensées folles et les élans désordonnés. « A notre insu le travail nous guérit de la partie inférieure et presque mécanique de nos passions. Ce n'est pas peu. Les mains d'Othello étaient inoccupées, lorsqu'il s'imagina d'étrangler quelqu'un » Alain. /Les Aventures du cœur./

    - Le travail impose de différer la jouissance en introduisant entre le désir et sa satisfaction la distance nécessaire à l'humanisation du désir. La barbarie se décline toujours comme *tentation de l'immédiat.*

Ex : Le vol plutôt que le détour par le travail permettant d'acquérir les moyens de ses aspirations. Faire l'économie de la *médiation* (du temps du projet, de l'effort pour obtenir l'objet de son désir, de la culture de son être) condamne le désir au niveau frustre des pulsions et des besoins et expose à la violence. Georges Bataille souligne le lien du travail et de l'endiguement de la violence." Le monde du travail et de la raison est la base de la vie humaine, mais le travail ne nous absorbe pas entièrement, et si la raison commande, jamais notre obéissance est sans limite (...) Dans le domaine de notre vie, *l'excès *se manifeste dans la mesure où la*violence* l'emporte sur la raison. Le

travail exige une conduite où le calcul de l'effort, rapporté à l'efficacité productive, est constant. Il exige une conduite raisonnable, où les mouvements tumultueux qui se délivrent dans la fête

et, généralement, dans le jeu, ne sont pas de mise. Si nous ne pouvions réfréner ces mouvements, nous ne serions pas susceptibles de travail, mais le travail introduit justement la raison de les réfréner. Ces mouvements donnent à ceux qui leur cèdent une satisfaction immédiate :

le travail au contraire promet à ceux qui les dominent un profit ultérieur, dont l'intérêt ne peut être discuté, sinon du point de vue du moment présent. (...) La plupart du temps le travail est l'affaire d'une collectivité, et la collectivité doit s'opposer, dans le temps réservé au travail, à ces  mouvements d'excès contagieux dans lesquels rien n'existe plus que l'abandon immédiat à l'excès. C'est-à-dire à la violence. Aussi bien la collectivité humaine, en partie consacrée au travail, se définit-elle dans *les interdits*, sans lesquels elle ne serait pas devenue *ce monde du travail,* qu'elle est essentiellement" /L'Erotisme./1957.

*B)    Dimension existentielle du travail.*

  Pour la plupart des hommes, il est un *salutaire divertissement <http://www.philolog.fr/le- divertissement-pascal/>*. Pascal appelle ainsi toutes les occupations (la fête aussi bien que le travail)

permettant à l'homme de dresser un paravent entre lui et sa misère existentielle. « Rien n'est plus  nsupportable à l'homme que d'être dans un plein repos, sans passions, sans affaire, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide. Incontinent il sortira du fond de son âme, l'ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir » /Pensées./ B 388.

 Que faire de sa vie ? Comment l'occuper ? Comment échapper à l'ennui du temps vide, au sentiment de l'absurde, à l'angoisse de la mort ? La contrainte du travail détourne l'homme de ces  réoccupations et lui impose de fait sa propre fin.

*  NB* : Certes ce n'est jamais sans tristesse qu'il faut faire ce constat. Parce qu'enfin le travail est un *moyen* de promouvoir les conditions d'une vie épanouie ; *il n'est pas en soi une fin*. On travaille pour avoir une vie agréable ; on ne vit pas pour travailler. Pour que le travail puisse  fonctionner ainsi dans une vie, il faut que l'homme ait oublié de réfléchir sur les fins d'une existence humaine et soit aliéné au point de méconnaître que l'humanité s'accomplit dans les activités qui sont à elles-mêmes leurs propres fins Or tel n'est pas le cas des activités économiques.

  Voilà pourquoi les Grecs considéraient que la véritable éducation est *l'éducation au loisir*. Il n'y a pas de loisir pour celui qui est asservi aux impératifs du travail et conséquemment il est exclu des

conditions de la vie heureuse.

*C)    Dimension sociale du travail.*

  Cette dimension peut s'analyser en un sens négatif et en un sens positif.

 

 

*1)      Sens négatif.*

 

* *

 

  « Dans la glorification du « travail », dans les infatigables discours sur la « bénédiction du travail », je vois la même arrière-pensée que dans les louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous à savoir la peur de tout ce qui est individuel. Au fond, on sent aujourd'hui, à la vue du travail - on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir - qu'un tel travail constitue la meilleure des polices, qu'il tient chacun en bride et s'entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance.

Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l'amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société où l'on travaille dur en permanence aura davantage de sécurité et l'on adore aujourd'hui la sécurité comme la divinité suprême ». Nietzsche.  /Aurore/. III, §173 (1881) Traduction Jean Hervier.

 Nietzsche pointe ici la fonction policière du travail. Il est dit-il : « *la meilleure des polices* ».

 On peut donc voir en lui un *auxiliaire du pouvoir politique* au sens où celui-ci se fonde dans la nécessité d'assurer la *sécurité* des membres d'une collectivité. La police a, en effet, mission de protéger les individus de la violence que chacun représente pour chacun, de veiller au respect de la loi commune or il est clair qu'elle a moins à faire lorsque les individus dépensent leur énergie dans des ateliers, des bureaux ou des usines que lorsque celle-ci est inemployée. « L'oisiveté est la mère de tous les vices » dit le proverbe, car l'oisiveté est autant le contraire du loisir actif que du travail. Elle est le temps de la passivité où le sujet est livré à des forces qu'il ne prend pas la peine  l'humaniser. Tous les débordements, les excès sont alors possibles. Il faut bien dépenser une énergie en suspens, non mobilisée dans une tâche. C'est un truisme de souligner que les espaces

les moins pacifiés sont aussi ceux où on ne sait que faire de constructif.

  Mais précisément ce que Nietzsche dénonce surtout dans le travail, c'est de faire obstacle à  l'accomplissement personnel. De ce point de vue, le temps de travail n'est pas forcément antinomique du temps de l'avachissement, de la soumission aux inclinations naturelles propre à

l'oisiveté. Dans les deux cas il y a processus entravant l'homme dans ses possibilités de dépassement. Nietzsche ne fait pas l'éloge de la paresse. Son idéal est le surhomme, celui qui aime respirer l'air des

cimes et tend à  promouvoir ce qu'il y a de supérieur en l'homme. La vertu est dans la capacité créatrice et ce qu'il y a de dramatique dans le labeur tient d'ordinaire à son *absence de créativité.*

 Le philosophe souligne le *côté trivial* du travail. Il est ordonné à des satisfactions «faciles et régulières », il « consume » une énergie que l'individu ne peut pas investir ailleurs, sur des fins plus nobles que celles de l'entretien de la vie ; il soumet la personne à des procédures et  à des impératifs communs et ce qui est commun est « mesquin ».

 

 Le thuriféraire d'une morale aristocratique stigmatise ici la dimension plébéienne du travail. Il est une *activité impersonnelle* rendant impersonnel son auteur et l'intégrant par la force des choses à

la totalité sociale. Il «  tient chacun en bride et s'entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance ».

 Au fond, il est l'activité rêvée pour produire le conformisme et assurer la cohésion sociale aux dépens de l'individualité et de l'originalité. Il embrigade, sape toute velléité de suivre son chemin à

soi au risque d'être exclu du « politiquement conforme ».

 

*2)      Sens positif.*

* *

Socialisation ne signifie pas nécessairement dépersonnalisation. Elle peut signifier humanisation. En ce sens on peut célébrer dans le travail un moyen d'insertion sociale, d'inscription de l'individu dans une communauté le sauvant de la déshumanisation qu'engendre souvent l'exclusion sociale. "La pièce isolée dans le jeu de tric trac," selon l'image aristotélicienne, est en danger de devenir "un brandon de discorde". En tout cas elle n'est pas en situation de donner le meilleur d'elle-même.

Car depuis que les communautés naturelles fondées sur les liens du sang et les structurations religieuses se sont effondrées, les hommes font société les uns avec les autres, essentiellement, sous la forme des relations économiques. Le travail confère un statut social, permet à l'individu de se sentir utile à d'autres et de s'estimer lui-même à proportion de l'estime dont il se sent l'objet dans la société dont il est, par le travail, membre à part entière.

 D'où la tragédie de ceux qui n'en trouvent pas. L'indemnisation du chômage, qui est un devoir de solidarité, résout le problème économique qu'il pose, elle ne résout pas le problème humain. Un homme privé d'emploi, indépendamment de sa volonté, est un homme privé d'un rôle social.

 On ne soulignera jamais assez qu'il y a dans cette situation une forme de*déni de l'humanité de l'homme *tant il est vrai que dans *la société bourgeoise*, *la socialité* s'accomplit sous la forme du travail.

  Enfin le travail est source de la richesse sociale. En participant, par sa contribution, à l'œuvre  collective et historique, l'homme se sent partie prenante d'une Odyssée qui celle de son espèce et plus concrètement de sa nation.

INSPIRATION SOURCE: SIMONE MANON. Voire photo ci-contre.

 

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